TOUT SAVOIR SUR LE PARLER EN LANGUES

Table des matières

Chapitres

 

Avant-propos de l’auteur ....
1. L’analyse du renouveau charismatique
2. Un message aux hommes ?
3. Un signe pour les croyants ?
4. Jésus et les langues
5. Deux parlers en langues ?
6. L’interprétation
7. S’édifier soi-même ?
8. La fin du parler en langues
9. La septuple bénédiction de l’Esprit
10. Les langues de feu
11. Le pont aux six piliers
12. Les expériences
13. L’origine des langues actuelles
14. La relation de cause à effet (La dérive morale)
15. La relation de cause à effet (La Dérive Doctrinale)
Appendice

TOUT SAVOIR SUR LE PARLER EN LANGUES
par Fernand LEGRAND : "Le signal" CH-1326 - Juriens Tél : 024.453.14.47

Avant-propos de l’auteur

 

 

Ecrire un livre sur le sujet si controversé du parler en langues, n’est assurément pas le meilleur moyen de se faire des amis. C’est au contraire la façon la plus sûre d’en perdre quelques-uns. Pour la défense de la vérité, l’apôtre Paul prenait le risque de déplaire. Il disait en Galates 1.10 : " Est-ce la faveur des hommes que je désire ou celle de Dieu ? Est-ce que je cherche à plaire aux hommes ? Si je plaisais encore aux hommes, je ne serais pas serviteur de Christ ". Toutefois, que Dieu nous garde de cultiver l’art de déplaire. Comme le disait Alexandre Vinet, il faut de la charité pour les personnes et non pour les idées. Mais l’esprit de certains est ainsi tourné que c’est la vérité elle-même qui les dérange. Quand Ralph Shallis a écrit son livre Le don de parler diverses langues, il l’a fait avec tant d’amour qu’il n’a pas pris moins de dix pages pour s’excuser des vérités qu’il allait développer. Personne n’a, pour les dire, mis autant de gants. Certains n’y ont cependant vu que des gants de boxe. Un adage populaire ne prétend-il pas qu’il n’y a que la vérité qui blesse ? Mais la Bible dit que les blessures d’un ami prouvent sa fidélité (Prov. 27.6). Il serait illusoire de croire que l’attitude la plus fraternelle puisse prévenir certaines ruptures. Mes exposés antérieurs sur le sujet m’ont valu de solides et durables inimitiés. Paul, comme il le dit en Galates 4.16, " se faisait des ennemis en disant la vérité ", et cela parmi ceux qui lui étaient les plus proches, qu’il avait amenés au salut et qui étaient ses enfants spirituels.

L’éventail des positions sur cette question est tel qu’il faudrait écrire non pas un livre mais plusieurs car les nuances sont nombreuses. Chez ceux qui sont tout acquis à la cause, on trouve, en dégradé, ceux pour qui le parler en langues est :

 

1. La condition sine qua non du salut.

2. Le signe nécessaire ou évident du baptême de l’Esprit.

3. Un charisme qu’ils n’exercent qu’en privé.

4. Un moindre don.

5. Une pratique qu’ils jugent parfois abusive et contrefaite.

6. Un don qu’ils ne recherchent pas pour eux-mêmes tout en admettant son exercice dans l’Eglise.

 

Au bord opposé, on trouve, aussi en decrescendo, ceux pour qui le parler en langues actuel est :

1. Une contrefaçon qu’ils dénoncent.

2. Une pratique qu’ils condamnent avec plus de parti-pris que de connaissance biblique.

3. Un sujet d’intérêt spirituel mais circonscrit à une période de l’histoire comme la Nativité et la CrucifiY"> Pour donner plus de poids à cette étude, je me suis attaché à citer en priorité les écrits d’auteurs pentecôtistes en vue, et à en faire témoigner d’autres qui ont quitté le mouvement pour des raisons de doctrine. Parmi eux, je donne une place de choix à mon ami Albert Busono qui a fait un travail considérable de recherche et de compilation au niveau de la littérature pentecôtiste anglo-saxonne. Mais en premier lieu, ce qui forme la trame de cet ouvrage, c’est mon cheminement personnel et celui de ma chère épouse à qui je dédie cet ouvrage.

Par déférence pour mes frères pentecôtistes modérés qui, sur l’essentiel, croient comme moi à toutes les vérités fondamentales de l’Evangile, j’ai évité (citations d’auteurs exceptées) de nommer leurs Eglises par leurs appellations particulières. Pour désigner ceux qui, à des degrés divers, adhèrent au parler en langues, je me suis rangé à l’expression la plus répandue : le pentecôtisme, expression à laquelle je ne prête aucun sens péjoratif. Jusqu’au chapitre 13 je fais la distinction entre eux et les charismatiques catholiques : plusieurs pentecôtistes conservateurs seraient en effet choqués d’être confondus avec ces charismatiques dont ils se démarquent énergiquement.

Certains demanderont : pourquoi un tel livre ? Parce que beaucoup ont souhaité posséder un ouvrage de référence fouillé sans être touffu, avec une ligne directrice et des sujets bien compartimentés permettant de s’y retrouver facilement afin de savoir, selon l’exhortation de Colossiens 4.6, " comment il faut répondre à chacun ".

Ma prière à Dieu pour mes lecteurs est qu’ils soient animés de l’esprit des Juifs de la ville grecque de Bérée : " Ces Juifs avaient des sentiments plus nobles... ils sondaient chaque jour les Ecritures pour voir si ce qu’on leur disait était exact " (Actes 17.11).

 

 

 

 

 

Chapitre 1

 

L’analyse du renouveau charismatique

 

Le Renouveau Charismatique au sein de l’Eglise Catholique, était sous la plume de D. Cormier, le titre d’une plaquette éditée au Canada vers la fin des années 70. Elle recouvrait la position du pentecôtisme classique de l’époque. Nous allons la résumer ici sans trahir ni tronquer la pensée de l’auteur en la rapportant.

Si, par endroit, le langage paraît excessif à certains, ce n’est pas le nôtre; rien n’est de nous, sauf les liaisons entre les paragraphes.

Ce livre décrit le désarroi des catholiques sincères devant la sécheresse de leur Eglise, leur soif d’une authentique vie spirituelle et leur recherche sincère de la vie de l’Esprit, à partir de contacts avec divers pasteurs pentecôtistes, de la lecture du livre La Croix et le Poignard de David Wilkerson, et d’un autre livre pentecôtiste Ils parlent en d’autres langues de J.L. Sherrill.

 

Ils persévérèrent pendant plus d’un an, priant chaque jour en disant : Viens Saint-Esprit... Cela se passait à l’université Duquesne en Pennsylvanie. A South Bend en Indiana la même recherche, la même attente se faisait avec des professeurs de théologie du collège Sainte-Marie. Là, ils firent appel au frère Ray Bullard, diacre d’une Eglise pentecôtiste voisine et président local du groupe des Hommes d’Affaires du Plein Evangile. Cet homme était estimé pour sa grande expérience des dons spirituels, et était décrit comme un homme humble qui ne cherchait qu’à être utilisé par le Seigneur. Il devint en quelque sorte le parrain spirituel de la communauté charismatique qui se formait à Notre-Dame. Pendant plusieurs mois ils se réunirent chez Ray Bullard, où se tenaient déjà des réunions pentecôtistes et où plusieurs pasteurs pentecôtistes furent invités régulièrement pour donner des exposés et répondre aux questions des nouveaux venus.

Puis ce fut l’explosion; un week-end, de nombreux étudiants catholiques furent baptisés dans le Saint-Esprit. Cela se répandit comme une traînée de poudre. Lors d’une de ces rencontres chez Ray Bullard, un ancien missionnaire pentecôtiste posa la question : Maintenant que vous avez reçu le Saint-Esprit, quand comptez-vous quitter l’Eglise catholique ? Etonnés, ils répondirent : Mais nous n’avons nullement l’intention de quitter l’Eglise ! Le sentiment unanime des pentecôtistes classiques de l’époque, était que l’Esprit Saint allait tôt ou tard ouvrir les yeux des catholiques. Mais à mesure que le temps passait, il devenait évident qu’ils étaient bien décidés à rester catholiques et que la hiérarchie récupérait le mouvement au profit de l’Eglise romaine. Cinq hypothèses furent alors émises pour expliquer l’attitude de ces catholiques qui continuaient à suivre les enseignements et les pratiques de leur Eglise tout en affirmant avoir reçu le Saint-Esprit :

 

1. Ce mouvement n’est encore qu’à ses débuts; les catholiques qui en font partie changeront plus tard.

2. Ce mouvement vient de l’Esprit, mais la hiérarchie catholique a su le canaliser à son profit.

3. Ce mouvement est l’accomplissement de la prophétie : " Je répandrai mon Esprit sur toute chair ", et démontre que l’Esprit Saint est au-dessus de nos préjugés religieux et peut sauver quiconque indépendamment de sa doctrine.

4. Ce mouvement n’est qu’une mise en scène pour attirer les protestants dans le piège de l’œcuménisme.

5. Ce mouvement est une contrefaçon du diable et prépare la venue de l’antéchrist.

 

L’auteur développe la position qu’adopte encore, en Europe en tout cas, une partie du pentecôtisme historique et qui est résumée par ces cinq hypothèses :

 

1. Ce mouvement n’est encore qu’à ses débuts; les catholiques qui en font partie changeront plus tard.

 

Il constate que, contrairement à l’attente générale, la caractéristique principale du mouvement charismatique ramenait au catholicisme ceux qui s’en étaient éloignés et ranimait leurs dévotions idolâtres.

Les professions de foi charismatiques s’exprimaient ainsi :

- Les dévotions mariales se sont chargées pour nous de sanctifications.

- La vie sacramentelle de l’Eglise est devenue plus riche de sens.

- J’en suis arrivé à une compréhension plus profonde de l’eucharistie en tant que sacrifice, et je suis revenu aux confessions fréquentes.

- Je me suis alors découvert une profonde dévotion à Marie.

Citant alors le Père O’Connor, il nous livre une profession de foi charismatique à faire frémir n’importe quel pentecôtiste, &e de sauver des personnes pour l’Eglise, pour la prêtrise et pour la vie religieuse ".

Le changement attendu n’ayant pas eu lieu, cette première hypothèse ne pouvait pas être retenue.

 

 

2. Ce mouvement vient de l’Esprit, mais la hiérarchie catholique a su le canaliser à son profit.

L’explication sur ce point est moins précise. Sont cités les noms des Pères Regimbald, O'Connor et du cardinal Suenens qui introduisirent le mouvement charismatique auprès des laïcs. Le retour aux dévotions traditionnelles n’est pas le résultat de pressions de la part de la hiérarchie, mais l’effet même de l’expérience charismatique. Le Père Mc Donnel est cité en ces mots : " Les pentecôtistes catholiques sont portés à reprendre et à cultiver des formes de contact avec Dieu qu’ils avaient abandonnées. Cela ne tient pas à une théologie conservatrice mais plutôt à l’effet transformant de leur expérience ".

Si la hiérarchie romaine est bien pour quelque chose dans un retour à ce paganisme à verni chrétien, la cause déterminante (nous ne faisons que citer) c’est l’expérience " pentecôtiste ".

Cette deuxième hypothèse n’est pas retenue.

 

3. Ce mouvement est l’accomplissement de la prophétie : " Je répandrai mon Esprit sur toute chair " et démontre que l’Esprit Saint est au-dessus de nos préjugés religieux et peut sauver quiconque indépendamment de sa doctrine.

 

La question qui est ensuite posée est très lourde de conséquence : l’esprit qui agit dans l’Eglise romaine est-il le Saint-Esprit ? En parlant de l’Esprit Saint, Jésus a dit : " Il vous conduira dans toute la vérité ". C’est le propre du Saint-Esprit. Le propre de l’esprit mauvais est de conduire dans une partie seulement de la vérité. Or, un des effets les plus frappants du charismatisme, c’est de conduire ses adeptes dans une partie de la vérité et une partie d’erreur comme par exemple : la prière spontanée ET le chapelet; l’adoration du Christ ET du saint-sacrement; la lecture de la Bible ET le culte de Marie.

Suivent quelques témoignages de gens qui ont été baptisés du Saint-Esprit, l’un en finissant de réciter son chapelet, l’autre pendant qu’il chantait une hymne à la messe, une autre encore pendant qu’elle était agenouillée et priait la sainte Vierge. Ces témoignages suffisent nettement à démontrer que l’esprit qui baptise ces gens est en contradiction avec les Ecritures et ne peut aucunement être le Saint-Esprit. Ce n’est pas mettre en doute l’œuvre du Saint-Esprit mais bien lui attribuer une telle horreur et une telle idolâtrie qui constitue un blasphème contre sa divine personne.

S’accordant au pentecôtisme biblique de l’époque, l’auteur tire une conclusion très réfléchie dont nous nous servirons plus loin : Nous vivons dans un monde marqué par le relativisme... où l’on ne croit plus en une vérité absolue mais en des vérités relatives subordonnées à l’expérience humaine. L’accent est ainsi davantage mis sur l’expérience que sur la doctrine. Le fait de parler en langues ou de ressentir une certaine paix intérieure... l’amour pour Dieu, Marie et les saints est plus important que de connaître la saine doctrine. Citant Charles Foster il dit : Quand l’expérience de l’Esprit passe avant la doctrine et le salut, la séduction est certaine...

La troisième hypothèse ne pouvait être retenue.

 

4. Ce mouvement n’est qu’une mise en scène pour attirer les protestants dans le piège de l’œcuménisme.

 

Tout en reconnaissant que sans la contribution pentecôtiste le mouvement charismatique n’aurait jamais pu se développer au sein de l’Eglise catholique, il admet le danger et ajoute : Il est malheureux de constater que quelques chrétiens évangéliques ainsi que de nombreux protestants n’ont pas reconnu ce piège. Des preuves abondantes démontrent que le charismatisme sert les intérêts de Rome et de l’œcuménisme, mais nous devons rejeter l’hypothèse que ce ne serait qu’une mise en scène pour attirer les protestants dans le piège de la débauche œcuménique. Les guérisons, prophéties, miracles opérés dans le mouvement charismatique nous interdisent de n’y voir qu’une mise en scène humaine... Si le Saint-Esprit ne peut être derrière ce mouvement c’est bel et bien un esprit réel et agissant... ce sont des événements surnaturels qui ont amené ce mouvement à se développer avec tant de rapidité et de vigueur.

 

N’étant donc pas le résultat direct d’un calcul humain, mais l’émanation d’un esprit étranger, cette quatrième hypothèse ne pouvait pas être retenue. Restait la cinquième.

 

5. Ce mouvement est une contrefaçon du diable et prépare la venue de l’antéchrist.

 

On ne peut reproduire le texte in extenso mais ce raccourci en donnera les idées principales.

 

A l’université Duquesne, après le baptême du Saint-Esprit d’une trentaine d’étudiants, plusieurs guérisons publiques et surnaturelles suivirent bientôt. Parmi celles qui impressionnèrent le plus les observateurs, ce furent les manifestations prophétiques en langues et leur interprétation. K. et D. Ranafhan racontent dans leur livre Le retour de l’Esprit : Lors d’une réunion de prière à South Bend, un prêtre qui y assistait pour la première fois, demanda à l’homme qui se trouvait près de lui, où il avait appris le grec. -- Quel grec ? Le prêtre dit alors au groupe qu’il avait distinctement entendu son voisin répéter les premières phrases du " Je vous salue Marie " en grec. Le Père O’Connor ajoute dans son livre : Avant cette rencontre, il n’y avait que très peu de trace de dévotion mariale dans le groupe... à partir de là il y eut un élan de piété mariale. Pour eux, les divers miracles et manifestations mariales sont les preuves infaillibles de la présence de Dieu dans leur Eglise.

 

D. Cormier rétorque que la Bible nous met cependant en garde contre des signes miraculeux et mensongers (2 Thess. 2.9-12).

L’analyse ne pouvait dès lors aller que dans le sens de la dernière hypothèse. La condamnation du réveil dit charismatique est nette et sans appel. C’est, dit-il, le croisement du pentecôtisme protestant et de l’idolâtrie catholique. Rappelons que rien n’est de nous dans cette analyse. C’est pourquoi nous avons pris soin de mettre le texte original en italique.

 

Cette analyse et ces conclusions sont-elles les nôtres ? Permettez-nous, en un premier temps, de réserver notre réponse, car aussi abrupte qu’elle paraisse, cette conclusion est encore celle d’une partie du pentecôtisme conservateur européen. Souvenons-nous que c’est du don du pc;tre les initiateurs de cette erreur qu’ils qualifient de diabolique ? Nous citons à nouveau : " Ray Bullard, diacre d’une Eglise pentecôtiste, possédant une grande expérience des dons spirituels... et plusieurs pasteurs pentecôtistes... ". Ce sont eux qui ont enseigné, prié et imposé les mains pour que ces catholiques reçoivent le Saint-Esprit. Et ce serait des mains des pentecôtistes à la saine doctrine qu’ils auraient reçu un esprit malsain ?! Il y a là de quoi être bouleversé surtout quand ils sont obligés d’avouer : " SI CE N’EUT ETE DE RAY BULLARD, LE DIACRE PENTECOTISTE... JAMAIS CE MOUVEMENT N’AURAIT VU LE JOUR " (Page 15). Or, derrière les anciens qui ont imposé les mains à Timothée, il n’y avait rien d’autre que ce que ce jeune serviteur a reçu : le don de Dieu (2 Tim. 1.6). Et derrière les mains d’Ananias qui les a imposées à Saul de Tarse, il n’y avait rien d’autre que le Saint-Esprit. Et quand ce même Saul de Tarse, devenu l’apôtre Paul, a imposé les mains aux disciples de Jean à Ephèse, ils n’ont reçu d’autre Esprit que le vrai. Si donc c’est un esprit diabolique qu’ont reçu ces catholiques sincères, des mains de ces spécialistes chevronnés que sont Ray Bullard et les pasteurs pentecôtistes qui lui sont associés, c’est que derrière leurs mains et leurs prières, il y avait ce qu’ils ont déploré par la suite, c’est à dire tout autre chose que le Saint-Esprit. Jésus l’a dit d’une façon telle qu’il est impossible de s’y méprendre : " Un bon arbre ne peut porter de mauvais fruits, ni un mauvais arbre de bons fruits " (Mat. 7.18). Si le fruit est par eux-mêmes déclaré mauvais, c’est que leur arbre était de la même nature. C’est ce qui semble échapper à nos amis pentecôtistes. Quand on leur fait remarquer les bizarreries dont leurs milieux sont affligés; que c’est tout autre chose que le Saint-Esprit qui produit des dérapages verbaux incontrôlables et des excentricités de comportement, leur invariable réponse est la parole de Jésus : " Quel est le Père parmi vous qui donnera une pierre à son fils s’il lui demande du pain ? Ou s’il demande un poisson, lui donnera-t-il un serpent au lieu d’un poisson ? Ou s’il demande un œuf, lui donnera-t-il un scorpion ? Si donc, méchants comme vous l’êtes, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, à combien plus forte raison le Père céleste donnera-t-il le Saint-Esprit à ceux qui le lui demandent ? " (Luc 11.11-13).

Mais n’est-ce pas là un argument-boomerang ? Car en s’adressant à Ray Bullard et aux pasteurs pentecôtistes, ces catholiques n’ont demandé ni une pierre, ni un serpent, ni un scorpion; c’est pourtant ce qu’ils ont reçu. Maintenant ces amis se mordent les doigts d’avoir prié et imposé les mains à des catholiques qui ont dès lors reçu un mauvais esprit, selon ce qu’ils en témoignent. Ce qui devrait par-dessus tout les inquiéter, ce n’est pas tellement ce que ces catholiques ont reçu mais bien plutôt ce qu’ils leur ont transmis. Ne serait-ce pas le comble de l’aberration d’entendre un mari se plaindre ou s’indigner d’un sida que sa femme aurait eu de lui. Son analyse de la maladie de son épouse serait peut-être juste, mais l’accuser d’avoir contracté un mauvais sida, tout en soutenant que le sien est bon, c’est une affaire sérieuse qui exige que l’on s’y attarde. J’abonde entièrement dans le sens des amis pentecôtistes quand ils disent que le virus attrapé par les charismatiques est mauvais parce qu’il est anti-biblique, mais quand on sait, d’après leur propre aveu, où ils l’ont attrapé et de qui ils le tiennent, ils devraient être les premiers à se poser ces questions : Et si c’était le même " baptême de l’Esprit " ? Et si c’était le même " parler en langues " ?!

 

 

 

 

Chapitre 2

 

Un message aux hommes ?

 

Nous allons nous en tenir, tout au long de cette étude, à cet excellent principe énoncé au chapitre 1 par D. Cormier : " L’esprit qui est en contradiction avec les Ecritures, ne peut être le Saint-Esprit ". Il a permis aux pentecôtistes conservateurs de débusquer les graves erreurs de leurs semblables charismatiques et d’en conclure : " Les manifestations surnaturelles (chez les charismatiques) sont un signe leur disant qu’ils n’ont rien à craindre, qu’ils sont dans la bonne voie alors qu’ils marchent dans l’erreur... Ces manifestations elles-mêmes reproduisent plus ou moins fidèlement celles que l’on trouve dans le Nouveau Testament. C’est pour cela que l’on peut parler avec raison de contrefaçon " (Analyse du renouveau charismatique, Page 15). On ne peut qu’applaudir à cette clairvoyance biblique pour autant qu’on ne l’applique pas qu’aux autres. Car, s’ils scrutaient leur propre doctrine avec la moitié moins de rigueur qu’ils ne l’ont fait envers les charismatiques, ils verraient que, comme ils le disent si bien : " Croire qu’on est dans la bonne voie grâce aux signes, aux miracles, au parler en langues ", c’est aussi l’essentiel de ce qui fait leur foi, leur force et leur sentiment de sécurité. Par exemple, quand la croissance rapide du mouvement qu’ils condamnent est attribuée aux manifestations spirituelles, n’est-ce pas précisément d’elles qu’ils se vantent ou se réclament pour expliquer et justifier leur croissance plus rapide que celle des évangéliques ? Mais nous sommes bibliques, nous ! entendons-nous dire. Nos pratiques sont conformes au modèle scripturaire !

 

Un Modèle Scripturaire ?

 

C’est ce que nous allons commencer par examiner dans ce deuxième chapitre. Que lit-on dans la Bible à propos de l’exercice véritable du parler en langues ? : " Celui qui parle en langues ne parle pas aux hommes mais à Dieu " (1 Cor. 14.2). C’est ce que, de façon péremptoire, Paul, le plus grand docteur de l’Eglise et de surcroît conduit par l’Esprit, enseignait aux Corinthiens : " ... il ne parle pas aux hommes... ". Ce texte à lui tout seul fait vaciller toute la caractéristique pentecôtiste et lézarde son système jusque dans ses fondements. Le Saint-Esprit lui-même, auquel on ne résiste pas sans risque, précise que ce n’était pas à des hommes que les paroles dites en langues, étaient adressées mais à Dieu. A l’instar des Béréens (Actes 17.11) qui sondaient chaque jour les Ecritures pour savoir si ce qu’on leur disait était exact, rien n’est plus facile que de les examiner pour savoir si ce qui se dit dans le mouvement de pentecôte, sur ce point précis, est exact. Après plus de trente années de contacts étroits avec eux et après avoir épousé certaines de leurs idées, j’ai bien été forcé d’admettre qu’il y avait sur ce point un désaccord flagrant avec ce que dit la Parole de Dieu. Je me suis d’abord incliné devant son autorité, puis je suis passé à une vérification plus poussée sur le terrain. A des frères bien ancrés dans leur conviction, j’ai plusieurs fois posé la question : Quand, dans votre Eglise, un parler en langue est interprété, de quoi s’agit-il ? Je ne posais pas la question parce que je ne connaissais pas la réponse, mais pour avoir, de leur propre bouche, une réponse nette rle en langues, ne parle pas aux hommes ". En bref, l’exercice d’un don qui n’est pas conforme à l’Ecriture ne peut pas venir de l’Esprit de Dieu mais plutôt, comme ils le disent si justement à propos de leurs frères charismatiques, d’un esprit étranger. Après avoir reçu les réponses que je viens de rapporter, je faisais voir à mes interlocuteurs ce qu’en disait la Bible. Certains étaient comme effondrés devant ces paroles limpides qu’ils n’avaient jamais vues ou qu’on leur avait toujours cachées. Les plus intelligents mesuraient en un instant l’ampleur du désastre doctrinal qui les atteignait : un vrai Waterloo.

 

Empêché de Voir

 

Chez beaucoup d’autres, par contre, je constatais comme une incapacité à saisir le sens de ces paroles pourtant claires : " ... il ne parle pas aux hommes ". Il y avait comme un voile mis sur leur intelligence. Ils disaient : Mais bien sûr que c’est comme ça ! tout en étant incapables de voir que leur " comme ça " , ce n’était pas du tout ça, c’était même le contraire. Au départ, il n’y avait chez eux aucun esprit de dérobade mais un empêchement de voir. Ils lisaient bien " il ne parle pas aux hommes " mais ils semblaient comprendre à l’envers, répondant que Dieu devait bien parler à son Eglise par ce moyen-là, certains allant jusqu’à dire : Comment Dieu nous parlerait-il si ce n’est par ce moyen-là ?

Mon plus récent entretien sur le sujet est révélateur de cet aveuglement. Je me suis aperçu que citer le texte verbalement était insuffisant. Mon interlocuteur suivait son idée et restait imperméable à la Parole de Dieu. Je me suis assis à côté de lui, Bible ouverte, et je lui ai fait lire le texte à haute voix. Rien n’y faisait. Je m’y suis repris plus de dix fois. Tout à coup, le déclic s’est fait. Il a compris de quoi il s’agissait. C’est alors que son vrai problème a débuté. Il commençait à mesurer la portée de cette vérité qui enfonçait sa position comme l’iceberg dans le flanc du Titanic avant de l’envoyer par le fond. Pauvre ami, qui heurtait de front une Bible qui disait le contraire de ce qu’il croyait tellement bien connaître. Pour se sortir de ce mauvais pas, il ne lui restait d’autre issue que de m’opposer le sable mouvant de ses expériences. Dans mon premier ouvrage sur les langues, j’ai rapporté la confrontation qui eut lieu entre un frère à l’œuvre des Assemblées dites darbystes et mon voisin, pasteur de la pentecôte. Ce dernier ne fit vraiment pas le poids. Acculé à reconnaître que son opposant avait raison, il ferma sa Bible, la poussa de côté et dit : " Bibliquement vous avez raison, mais je ne peux pas renier une expérience ! ". Tout était là, dans le geste et dans la parole. La Bible mise de côté et l’expérience mise en avant. Trente ans plus tard, rien n’a changé. Comme le dit D. Cormier déjà cité plus haut : " Nous vivons dans un monde où l’on ne croit plus à la vérité absolue, mais à des vérités relatives subordonnées à l’expérience humaine où l’accent est davantage mis sur l’expérience que sur la doctrine. Parler en langues, ressentir une paix intérieure est plus important que de connaître la saine doctrine ". Le dernier entretien auquel je fais allusion s’est terminé de la même façon que le premier. Après avoir, une fois de plus, fait remarquer à mon interlocuteur que son expérience personnelle et son observation du parler en langues dans son Eglise s’adressait bien à des hommes, à l’inverse de ce que dit la Bible, je lui ai demandé : " Qu’allez-vous mettre de côté, la Parole de Dieu ou votre expérience; vous devez faire un choix entre les deux; quel est-il ? ". Sans hésitation et deux fois de suite, la réponse a été : " Je choisis l’expérience ! ". Compréhensible mais malheureuse obstination qui s’explique par ce terrible aveu d’un pasteur à propos de cet enseignement biblique sur ce point particulier du parler en langues : " Quand cette parole de Paul a commencé à circuler dans nos Assemblées, ça a fait l’effet d’une bombe. L’idée n’a pas été retenue car il aurait fallu admettre que TOUT CE QUI S’ETAIT FAIT JUSQU’ICI ETAIT FAUX ! ".

C’est faux, bien sûr, mais on fait en sorte que ça ne se sache pas ou que ça ne le paraisse pas. Comment s’y prend-on ? Il y a quatre moyens d’y arriver.

 

1. En mettant démesurément l’accent sur les expériences. Par exemple :

- une prophétie dite en langue et me concernant s’est accomplie,

- une exhortation en langue convenait à l’état de l’Eglise,

- une guérison annoncée en langue s’est réalisée,

- le traducteur ayant fait faux-bond, le prédicateur a continué dans la langue locale qu’il ne connaissait pas (anecdote usée jusqu’à la corde et toujours invérifiable),

- un besoin pressant a été révélé en langue et une délivrance adéquate y a répondu, etc.

La source est intarissable. De tels témoignages, rapportés avec aplomb, conditionnent les auditeurs, les néophytes surtout, au point de les prémunir contre toute découverte ultérieure de la vérité. Nous développerons plus longuement le sujet des expériences au chapitre 9.

 

2. Le deuxième moyen c’est d’escamoter le texte, comme l’a dit ce pasteur, en ne retenant pas cette pensée trop dérangeante. C’est ce que faisaient les rabbins avec le chapitre 53 d’Esaïe lors de la lecture méthodique de la loi et des prophètes dans les synagogues. Quand ils arrivaient à la fin d’Esaïe 52, ils sautaient à Esaïe 54 ! J’atteste qu’en plus de trente ans de contacts, d’entretiens, de débats, d’échanges fraternels et de collaboration avec les milieux concernés, ce texte a toujours été soigneusement évité. Dans son livre en anglais " Vingt et une raisons pour parler en langues ", Gordon Lindsay (à ne pas confondre avec Hal Lindsay), à sa onzième bonne raison dit que c’est pour parler à Dieu, et élude sans autre le gênant " ne parle pas aux hommes ". Ce " silence " accrédite l’idée que l’un et l’autre sont également bons.

 

3. Le troisième moyen, c’est de hausser les épaules et de traiter la chose comme quantité négligeable, avec une largeur de vue qui transforme le Saint-Esprit en girouette : " Bien sûr que la Bible dit cela, mais qui peut sonder les desseins de Dieu; n’est-Il pas souverain; ne peut-Il pas se servir de ses dons et les employer comme Il le veut ? ". On voit où cela peut conduire. A toutes les hérésies du monde, à redonner la parole au Perfide et à sa première suggestion : " Dieu a-t-Il réellement dit ? ". Tous les maux de l’humanité ont commencé là ! Je me méfie d’une certaine largeur de vue sur la Souveraineté de Dieu qui enlèverait toute souveraineté à sa Parole. Car si les insondables richesses de son amour et de sa sagesse peuvent donner un parler en langues qui s’adresse aux hommes, elles peuvent aussi nous avoir donné une reine du ciel, une co-rédemptrice, un ciel à mériter et une kyrielle de saints à invoquer.

 

4. Le quatrième moyen, c’est de trouver une parade à tout prix; de plonger dans la Bible à la recherche d’un mot, d’une allusion qui mette le Saint-Esprit en conflit avec lui-même, afin de respirer plus à l’aise. Chacun sait qu’à ce jeu-là, on peut faire dire à la Bible tout ce qu’on veut. En fait, presque toutes les hérésies ont trouvé leur origine dans la Bible. Au risque d’exposer son âme à la ruine en tordant le sens des Ecritures comme le dit 2 Pierre 3.16, à quel texte va-t-on se raccrocher pour tenter de faire dire à la Parole le contraire de ce qu’elle dit ? Certains croient l’avoir trouvé en 1 Corinthiens 14.21 : " C’est par des hommes d’une autre langue que je parlerai à ce peuple ". Si Dieu parle à ce peuple par le moyen du parler en langues, c’est donc qu’Il s’en sert pour parler aux hommes. Remarquons d’abord que si tel était le sens à donner à ces paroles, la contradiction entre les deux textes serait totale. Il suffit de se rappeler que tous les signes, quels qu’ils soient, parlent aux hommes. C’est selon Hébreux 1.1, une des " plusieurs manières " dont Dieu se sert, pour nous parler C'est ce qu'il a fait en Jean 17, où nous trouvons ce qui a été appelé à juste titre, la prière sacerdotale. Au premier degré, c'est exclusivement à son Père seul que Jésus s'adressait. Mais au second degré, sans nous adresser un seul mot, c'est à nous qu'il parle Cette prière à son Père nous parle de ses requêtes, de ses sentiments intimes, de son caractère personnel, de son intercession pour nous, et par-dessus tout de notre grand Souverain Sacrificateur. Ainsi en était-il de ces langues étrangères. Par elles, ceux qui les parlaient s'adressaient à Dieu, mais cela était très " parlant " pour ce peuple, en le renseignant dès le départ, sur cette notion toute neuve qu'était le baptême (ou l'immersion) de toute langue (ou toute chair) dans un même Esprit. De cette adoration en langues étrangères, Dieu, comme il le précise au verset 21 de 1 Corinthiens 14, allait s’en servir comme signe (ou pour faire signe) à CE PEUPLE qui justement demandait des signes et des miracles (1 Cor. 1.22). De quoi ce signe leur parlait-il ? Puisque c’était un signe constitué avec des langues, le plus logiquement du monde, cela leur parlait d’une affaire de langues; de langues qualifiées d’étrangères dans le même verset. Pour Dieu, il s’agissait simplement de dire à CE PEUPLE, son peuple d’Israël, que les étrangers et les langues dont ils étaient porteurs, avaient désormais le même accès qu’eux au Dieu d’Israël au point de pouvoir Lui parler comme eux le faisaient. Voilà de quoi ce signe leur parlait sans toutefois jamais s’adresser à eux verbalement. C’est ce qu’explique magistralement Pierre dans son mémorable discours du jour de la Pentecôte. A leur question : Ça veut dire quoi de parler dans ces langues étrangères ? Il donna la réponse de Dieu : " Je répandrai de mon esprit sur TOUTE CHAIR ", comprenez sur toutes langues, tous peuples, toutes tribus et toutes nations. Ce signe allait devenir très " parlant " pour ces Juifs qui n’avaient pas encore saisi la vocation des païens, ces gens aux langues étrangères.

Il n'est pas superflu de rappeler que, contrairement à ce que beaucoup pensent, la grande foule assemblée ce jour-là n'était pas composée de païens, d'étrangers ou de gens des nations (de Gentils ou Goïm comme on les appelle ailleurs), mais de JUIFS venus de ces quinze pays étrangers. Avez-vous votre Bible bien ouverte devant vous ?

Lisons le verset 5 : "Or, il y avait en séjour à Jérusalem des… des quoi, des païens ?! non, des JUIFS, hommes pieux, de toutes les nations qui sont sous le ciel".

Passons au verset 14 : "Pierre se présentant avec les onze, éleva la voix et leur parla en ces termes : Hommes d'entre les nations ?! non, Hommes JUIFS".

Allons au verset 22. Pierre continuant à parler à la foule y ajoute cette précision : "Hommes ISRAELITES".

Plus loin, au verset 29, il enchaîne par "Hommes FRERES", appellation qui ne laisse planer aucun doute sur leur identité.

Et au verset 37, cette foule retourne le compliment aux apôtres JUIFS en ces termes : "Hommes FRERES, que ferons-nous ?"

Outre que cela soit dit clairement et répété cinq fois, il tombe sous le sens que seul des juifs pieux venant de loin et à grands frais, allaient à la grande fête annuelle des juifs à Jérusalem. Cela n'intéressait qu'eux et quelques prosélytes convertis au Judaïsme. On ne voit pas des Français se déplacer en foule à Berne chaque 1er Août pour la fête nationale Suisse. Ni l'inverse pour le 14 Juillet à Paris, pas plus que les Européens ne traversent l'Atlantique exprès pour fêter l'Indépendance Day aux Etats-Unis. De même la Pentecôte était une fête purement juive et réservée aux juifs. Etant tous des juifs qui connaissaient l'Araméen, ils ont tous compris ce que leur prêchait Pierre dans cette langue (la sienne, la leur) sans qu'il fut besoin d'en parler quinze autres.

 

Vérification Biblique

 

Il ne nous reste maintenant plus qu’à vérifier ce que 1’Ecriture dit de chaque occasion où un parler en langues nous est rapporté. Nous allons faire appel aux meilleurs auteurs pentecôtistes pour démontrer, à l’aide de leurs écrits, qu’en aucun cas il n’y eut jamais une seule parole adressée aux hommes bien que le signe fut donné à leur intention.

 

Donald Gee écrit : " Notre information, en ce qui concerne la manifestation donnée aux croyants lorsqu’ils sont baptisés de l’Esprit, se limite strictement aux cas relevés dans les Actes " (Glossolalia, Page 101). Cela veut dire qu’il ne veut prendre en considération aucune expérience autre que celles contenues dans la Parole de Dieu.

I. En Actes 2, il est dit qu’en de multiples langues réelles et contemporaines, on les entendaient " parler des merveilles de Dieu ". Beaucoup ont cru, à tort, qu’il s’agissait là de la prédication de l’évangile qui a amené trois mille personnes au salut. Un examen, même rapide, de ce chapitre montre que le parler en langues de ce jour-là n’a fait que soulever des questions; c’est la prédication de Pierre, non pas en langue, qui a amené cette foule au salut. Donald Gee est indiscutablement le maître à penser des pentecôtistes. Il a tenté de mettre un peu d’ordre dans le mouvement au niveau des idées et de lui donner une doctrine tant soit peu cohérente. Pour la fraction modérée, il fut l’homme le plus écouté de sa génération. Dans son livre Les dons spirituels, voici ce qu’il dit du parler en langues de la Pentecôte : " Le jour de la pentecôte, ils parlaient tous en langues avant que la foule se rassemble. Au bruit qui eut lieu, la multitude accourut. Il surprirent leur propre dialecte te dans la bouche des disciples qui annonçaient les merveilles de Dieu. Il est clair que cette foule entendit des paroles QUI NE LUI ETAIENT PAS ADRESSEES. Quand le moment de prêcher fut venu, ce fut Pierre seul qui s’adressa à la foule pendant que les onze se tenaient avec lui. Il usa du langage commun à tous afin que tous puissent le comprendre... Ainsi est contredite l’assertion erronée et séculaire du don pour la prédication de l’évangile aux païens ".

 

Dennis Bennett est un homme renommé par ses écrits dans le pentecôtisme. Voici ce qu’il dit sur le même sujet : " Il est surprenant de constater combien de chrétiens, même fondés, pensent que les langues parlées à la Pentecôte l’étaient pour proclamer l’évangile dans les langues de ces gens qui écoutaient parce qu’ils venaient " de toutes les nations qui sont sous les cieux ". Mais ce que dit ce passage, c’est " qu’il y avait en séjour à Jérusalem DES JUIFS de toutes les nations... ". C’était simplement des Juifs qui vivaient dans d’autres pays et qui étaient montés à Jérusalem pour la fête. Ils n’avaient pas besoin qu’on leur parle des langues étrangères. Ce qu’ils ont entendu n’était pas une proclamation de l’évangile, mais ils entendirent ces premiers chrétiens, LOUANT ET GLORIFIANT Dieu pour les merveilles qu’Il avait faites (v. 11) ".

Venant d’hommes aussi considérés ces témoignages sur ce point précis sont déterminants et nous marquons notre accord avec eux. Ce qui s’est dit en langues ne s’adressait pas aux hommes mais à Dieu.

 

II. La seconde relation apparaît à la conversion du centenier Corneille et de ceux de sa maison (Actes 10). La nature de cette glossolalie est identique à la première puisque Pierre nous y renvoie en disant aux apôtres à Jérusalem : " ... le Saint-Esprit descendit sur eux comme sur nous au commencement ", et il ajoute cette précision : " Dieu leur a accordé le même don qu’à nous qui avons cru au Seigneur Jésus " (Actes 11.15-17).

 

III. La troisième et dernière mention du parler en langues en Actes 19.6 (la conversion des douze disciples de Jean-Baptiste) ne nous dit rien de plus.

 

IV. La quatrième preuve se trouve dans les textes qui servent de base à cette étude, le chapitre 14 de la première lettre aux Corinthiens. Comment Paul voit-il la chose ? Il n’y voit que prier, chanter et rendre grâce en langues (versets 15 et 16). Rien d’autre que la prière et la louange n’apparaît dans son enseignement sur les langues. Sans contredit possible, la prière et la louange ne s’adressent qu’à Dieu. On ne peut donc jamais y trouver un message destiné à des hommes.

 

V. La cinquième preuve est dans le verset-clé de ce chapitre. Il porte avec lui sa propre conclusion : " Celui qui parle en langues ne parle pas aux hommes mais à Dieu " (1 Cor. 14.2). Sur un point aussi capital, la pratique pentecôtiste de ce don est déjà en complet porte-à-faux. C’est au moins aussi faux que la glossolalie de leurs jumeaux charismatiques. Nous l’avons lu : Une expérience, le " baptême du Saint-Esprit " qui entraîne les âmes à pratiquer le contraire de ce que dit l’Ecriture, n’est pas du Saint-Esprit. Comme le descellement de la clé de voûte d’une ogive surbaissée entraîne ispo-facto la dislocation de tout l’ouvrage, cette première erreur sur le sujet des langues, fait aussi s’écrouler tout le système ( 1) d’un seul coup. " Comme une partie crevassée qui menace ruine et fait saillie dans un mur élevé, dont l’écroulement arrive tout à coup, en un instant : il se brise comme se brise un vase de terre, que l’on casse sans ménagement, et dont les débris ne laissent pas un morceau pour prendre du feu au foyer, ou pour puiser de l’eau à la citerne " (Es. 30.13-14).

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( 1) Par " système " il ne faut entendre ici que ce qui, chez les frères pentecôtistes, se rapporte au don des langues. Aucun jugement n’est porté sur leur position fondamentaliste que d’ailleurs nous partageons. Nous ne contestons pas leur prédication de l’évangile souvent très fidèle, ni la sincérité d’un grand nombre d’entre eux, ni leur zèle, ni leur qualité d’enfants de Dieu.

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Il n’est pas superflu de rappeler cette réflexion citée plus haut : " Quand cette parole de Paul (... pas aux hommes, 1 Cor. 14.2) a commencé à circuler dans nos Assemblées, ça a fait l’effet d’une bombe. Elle n’a pas été retenue car il aurait fallu admettre que TOUT CE QUI S’ETAIT FAIT JUSQUE-LA ETAIT FAUX ! ".

 

Si pour nos amis pentecôtistes conservateurs, le don qu’ils ont passé aux autres sent le soufre, nous débouchons aussi sur l’incontournable évidence que leur glossolalie est aussi antiscripturaire et de la même nature que celle qu’ils ont communiquée aux charismatiques catholiques par l’imposition de leurs mains.

 

Tentative de replâtrage

Le parler en langues - adoration ou prière

Avant de passer à l’erreur suivante, on ne peut pas ne pas dire un mot sur les Eglises pentecôtistes qui ont fait volte-face sur ce point. Dans leurs réunions la pratique du parler en langues se continue mais, sur commande, l’interprétation s’est transformée en louange ou en prière. Que faut-il en penser ? S’agit-il d’un courageux retour à plus de vérité ? A ce stade peu avancé de notre étude, la réponse ne serait que partielle au point d’en paraître partiale. Les chapitres suivants nous montreront d’autres aspects volontairement méconnus sur le sujet et nous permettrons de donner un avis définitif. Mais déjà on est obligé de constater que là où il y a eu rectification, rien n’est changé que l’interprétation. Le parler en langues, lui, est resté pareil à ce qu’il était avant : ce sont les mêmes gens, les mêmes articulations bizarres, les mêmes intonations et surtout, nous y reviendrons, les mêmes décalages chronologiques inacceptables entre l’énoncé en langue et le temps de son interprétation. En fait, c’est comme une chaîne de montage d’automobiles ayant des vices de fabrication et où, sans remédier aux défauts, on aurait décidé que le dernier coup de pistolet serait différent. Vernie de la sorte, cette " nouvelle " génération de parler en langues paraît plus biblique en bout de chaîne, mais reste aussi éloignée de la Bible et aussi défectueuse que l’autre quant au fond. L’esprit qui l’anime est le même. Son interprétation finale ( 1), soumise comme l’autre à tout l’enseignement apostolique sur le sujet, ou à une simple observation impartiale et objective, démontrera à suffisance dans quelle catégorie il faut la classer.

C'est justement dans une Eglise de ce type que, récemment encore, j'ai été invité à faire une campagne d'évangélisation. Quelques années auparavant ils s'étaient séparés des Assemblées de Dieu sur la base d'une mondanité grandissante et d'excès de toutes sortes dans l'exercice des dons spirituels. Ils avaient compris que, selon 1 Cor.14:2, le don d'interprétation qui contenait un message aux hommes (ce qui était presque toujours le cas) n'était pas du Saint-Esprit. Ce type d'interprétation fut abandonné, même condamné et obligatoirement remplacé par des paroles de prière ou de louange à Dieu. Ils s'étaient rapprochés des non-charismatiques et quelque peu assagis dans leurs réunions. Ce dimanche matin, au culte, une femme partit en langue, sur un mode plaintif au début, puis sur un tempo de plus en plus accéléré pour se terminer par des cris aigus. Elle répéta " Ding-ding-dou " vingt, trente fois ou plus. Cela fut suivi d'une interprétation qui était une très commune exhortation à l'Assemblée à se préparer à la Sainte-Cène.

Après la réunion, ma femme et moi, dès le premier regard, et sans nous concerter nous avons éclaté de rire (nous aurions plutôt dù pleurer) et nous nous sommes exclamés en même temps : " Les Cloches de Corneville ! " où le choeur reprend et répète l'air célèbre du " Ding-Ding-Dong ". Quelques instants après, le pasteur nous rejoignit, visiblement contrarié, non pas à cause du fantaisiste parler en langue mais du miracle de l'interprétation qui s'était transformé en message aux hommes au lieu d'être une parole adressée à Dieu comme l'enseigne l'Ecriture. Il nous dit: " Il faut excuser ce frère, il vient de quitter les Assemblées de Dieu et il n'est pas encore au courant de la bonne façon de faire ". Où était donc le Saint-Esprit dans tout cela ? N'était-ce pas plutôt un autre " esprit " qui animait ces deux personnes, esprit qui, lui, n'était pas au courant de la bonne façon de s'y prendre ? Je lui en fit la remarque, et cela ne fit que l'accabler davantage. Où était le vrai Saint-Esprit dans tout cela ?. Ce soir-là, nous nous sommes quittés, apparemment en bons termes, mais il ne m'a plus jamais invité dans son église.

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( 1) Sujet traité au chapitre 6.

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Chapitre 3

 

 

Un signe pour les croyants ?

 

Nous avons vu dans le chapitre précédent que si le signe du parler en langues interpellait des hommes, le contenu verbal, lui, ne s’adressait pas à des hommes mais à Dieu seul. D’où la limitation de ce don à la louange ou à la prière.

Nous aborderons maintenant un autre aspect pratique, largement répandu dans le pentecôtisme, que nous confronterons avec l’Ecriture. Ma longue expérience de presque tout l’éventail pentecôtiste me permet de parler en connaissance de cause.

Il ne faut pas perdre de vue que le parler en langues EST UN SIGNE. A qui, aujourd’hui, ce signe est-il destiné ? La première et invariable réponse est toujours celle-ci : " C’est le signe indiscutable ou évident du baptême du Saint-Esprit; c’est la preuve que le croyant est entré dans une deuxième expérience de la vie chrétienne qui lui donne accès aux dons de l’Esprit, en commençant par le moindre, celui des langues ". Ce signe va donc lui confirmer ainsi qu’à sa congrégation qu’il a maintenant un " plus " dans sa vie chrétienne. Donc, vu sous cet angle, c’est un signe pour les croyants. Mais ce n’est pas tout, ce signe va lui servir pour d’autres occasions.

 

EXEMPLE I. Cet homme encore jeune et converti, entra dans cette seconde expérience spirituelle. Sous la pression de circonstances familiales très difficiles, il se refroidit quant à son premier amour pour le Seigneur (Apoc. 2.4) et perdit tout contact avec sa communauté. Il était hanté intérieurement par la crainte d’être rejeté par Dieu. Il s’essayait de temps en temps à la glossolalie et comme cela marchait, il en éprouvait un grand apaisement. Il en déduisait que Dieu ne l’avait pas abandonné. (Déjà on voit que son parler en langue prenait la place de la foi qui est seule " l’assurance des choses que l’on espère et la démonstration de celles qu’on ne voit pas " (Héb. 11.1). Selon lui, ce don l’aurait gardé du suicide. Ce signe lui montrait que lui, le croyant, était encore dans la foi. En fait il se servait de son don pour se faire signe à lui-même. C’était donc un signe pour le croyant qu’il était.

 

EXEMPLE II. Les épreuves ne manquaient pas à ce chrétien : ennuis de santé, contretemps et assauts dans la famille. Sa foi était fortement prise à partie. Ce qui l’a tenu debout c’est, selon ses dires, sa prière quotidienne en langue. Comment ne pas voir qu’ici aussi, c’est le signe qui remplace la foi car, " ce qui triomphe du monde, c’est notre foi " (1 Jn 5.4). Une fois encore, le signe s’adressait à un croyant.

EXEMPLE III. Le péché s’est installé à demeure dans la vie de cet homme. Il en est conscient mais il fait bon ménage avec lui. Il se juge au moyen du parler en langues et dit avec soulagement : " Si l’Esprit continue à s’exprimer par moi, c’est qu’Il ne me désapprouve pas, pas assez en tout cas pour ôter ses paroles de ma bouche ". Ce qui frappe ici, c’est que le jugement de soi à la lumière de la Parole de Dieu (1 Cor. 11.28, 31) est remplacé par un signe qui accrédite auprès d’un croyant ce que la Bible condamne.

 

Ces trois exemples ne sont qu’un échantillonnage démontrant que presque tout l’enseignement et la pratique des frères pentecôtistes pivote autour d’un signe que Dieu aurait donné pour les croyants et leur usage personnel. Qu’en dit l’Ecriture ? Elle enseigne précisément le contraire : LES LANGUES SONT UN SIGNE NON POUR LES CROYANTS MAIS POUR LES NON-CROYANTS (1 Cor. 14.22). La contradiction est totale et le dérapage qui s’ensuit ne l’est pas moins, car c’est la doctrine elle-même qui est ici prise en défaut. Que de fois des croyants ne se sont-ils pas réjouis avec d’autres croyants du signe qu’ils avaient reçu. Que de fois ne m’a-t-on pas dit et redit (et jamais rien d’autre ne m’a été dit sur ce point) que le parler en langues était pour le croyant le signe initial ou évident du baptême du Saint-Esprit. Or, le Saint-Esprit Lui-même s’en défend énergiquement quand Il nous dit que c’était " UN SIGNE POUR LES NON-CROYANTS ".

Un quatrième exemple viendra compléter les trois premiers. Le frère Untel exerce son don des langues en privé, sujet sur lequel nous nous étendrons plus longuement au chapitre 6. Le bien qu’il dit en retirer pour lui-même, n’annule en rien l’obligation qui a été imposée par le Saint-Esprit, celle de mener l’usage de ce don à terme, à savoir : servir de signe aux INCROYANTS. Mais où sont les incroyants quand il n’exerce ce signe que devant lui-même et devant Dieu ? Si un évangéliste, lui aussi détenteur d’un charisme destiné à d’autres incroyants, exerçait son don en privé, n’ayant que lui seul pour auditeur, au moment de l’appel au salut il ne ferait signe qu’au croyant qu’il est et manquerait la cible. De même, dans le cas du charisme des langues, le Saint-Esprit s’explique on ne peut plus clairement : la cible à atteindre, ce n’est pas les croyants mais les incrédules (J.N. Darby).

Que l’on nous comprenne bien; nous ne mettons pas en doute le baptême du Saint-Esprit ni la réalité historique du parler en langues. Nous posons simplement une double question : 1) Quel esprit anime ceux qui attribuent au signe dont nous venons de parler, une fonction que le vrai Saint-Esprit dément de la façon la plus formelle ? 2) De quel esprit peuvent bien avoir été baptisés ceux qui mettent sous le boisseau cette vérité si lumineuse de 1 Corinthiens 14.22 ?

Pourquoi se sentent-ils gênés aux entournures dès qu’on leur en fait la remarque ? Encore heureux si vous ne tombez pas sur un extrémiste qui, fâché de ce que vous croyiez à ce qu’a dit le Saint-Esprit, vous accusera de pécher contre Lui.

Nous mettrons notre conclusion en image : un pont aurait-il dix piliers, qu’il serait impraticable si deux seulement venaient à manquer. Or, nous venons d’assister à l’effondrement de deux d’entre eux : a) la parole en langues aux hommes et b) le signe pour les croyants.

 

Identification Des Non-Croyants

 

Après avoir découvert que, contrairement à la croyance et à la pratique quasi-générale, le signe des langues ne s’adressait pas aux croyants mais aux non-croyants, il reste à découvrir l’identité exacte de ces " incroyants ". Voyons dans quels cadres le signe s’est exercé afin d’y découvrir nos " incrédules " (J.N. Darby).

 

I. En Actes 2, à la Pentecôte à Jérusalem, qui rencontrons-nous ? Une foule de " Juifs, hommes pieux de toutes les nations qui sont sous le ciel ". On ne peut pas taxer d’athées des gens que la piété et la ferveur spirituelle poussaient à un long, pénible et coûteux voyage qui les faisait monter de leurs pays respectifs jusqu’à Jérusalem pour la grande fête religieuse. S’ils étaient incrédules, ce n’était certainement pas dans le sens de l’athéisme, du scepticisme ou de l’indifférence. Ce n’est pas de ce côté-là qu’il faut rechercher leur incrédulité.

II. En Actes 8, dans le récit de la conversion des Samaritains, quoique le parler en langues ne soit pas mentionné, certains pensent qu’il y est sous-entendu. On chercherait en vain les athées, ou même les inconvertis, puisqu’ils avaient cru au Seigneur Jésus. Il y a donc quelque part une incrédulité sous-jacente qui justifiait l’apparition du signe.

III. En Actes 10, les premiers païens de la maison de Corneille se convertissent. Là aussi le signe apparaît, mais où sont les incrédules ? Il y a bien Pierre, l’apôtre, qui est témoin du phénomène, mais c’est un croyant, lui. A moins qu’il n’ait gardé dans son cœur un coin pour y loger une non-foi. Laquelle ? Une incrédulité latente se rencontre souvent, tapie dans la vie des croyants, sans que pour autant cela les classe parmi les perdus. C’est au croyant Thomas que le Seigneur a reproché une incrédulité d’un type particulier (Jn 20.27). N’est ce pas tout un peuple de croyants qui n’est pas entré dans la terre promise à cause d’une certaine forme d’incrédulité ? (Héb. 3.19).

En Marc 9.17, Jésus doit encore dire à ses disciples : " O génération incrédule, jusque à quand serai-je avec vous, jusque à quand vous supporterai-je ? ". Et qui d’entre nous n’a, plus d’une fois dans sa vie, pris à son compte les paroles du père de l’enfant que les disciples, en cette occasion, n’avaient pas pu délivrer : " Je crois Seigneur, viens au secours de mon incrédulité ! " (v. 24).

 

IV. En Actes 11, le signe de la maison de Corneille est rapporté par Pierre aux apôtres de Jérusalem qui, de toute évidence ne sont pas des non-croyants, à moins que chez eux aussi il ne traîne un relent d’incrédulité qui reste à déterminer.

 

V. En Actes 19, des Juifs, disciples de Jean-Baptiste se convertissent au Christ et le signe apparaît à nouveau. Pas plus qu’ailleurs on n’y trouve d’incrédulité visible, en tous cas pas dans le sens où on l’entend de nos jours. Pourtant, dans tous ces cas, il se loge une incroyance de taille puisque le Saint-Esprit lui oppose le signe adéquat. Il ne faut pas aller chercher bien loin pour la débusquer. 1 Corinthiens 14.21 nous donne la réponse : " ... je parlerai à CE PEUPLE ". On constate que partout où le signe se manifeste on est en présence des JUIFS, et que là où on ne les trouve pas comme à Athènes ou à Malte, le signe n’apparaît pas non plus.

Il suffit donc de découvrir la nature de l’incrédulité qui leur était commune à tous. Nul n’est besoin de faire appel à Sherlock Holmes, à Maigret ou à Colombo. Pour autant que l’on connaisse l’esprit qui animait les Juifs, tant convertis qu’inconvertis, on tient le fil d’Ariane qui va nous conduire tout droit à la solution. C’EST DANS LA NATURE MEME DU SIGNE QUE L’ON DECOUVRE LA NATURE DE LEUR INCREDULITE. Le signe, comme c’est écrit, se rapportait aux langues étrangères, c’est-à-dire aux étrangers par rapport aux Juifs, ou aux dialectes étrangers par rapport à l’idiome araméen. Le signe dénonçait ou corrigeait leur non-foi envers ceux qui parlaient des langues étrangères à la leur, c’est-à-dire les païens. Le signe des langues était approprié à cet extraordinaire événement de la Pentecôte qui était l’entrée des gens aux langues étrangères dans l’Eglise qui naquit ce jour-là. Le parler en langues était la proclamation mise en signe de cette grande vérité. Dieu a inauguré ce jour-là un nouveau peuple, un nouveau corps composé de gens qui parlaient l’hébreu et de gens qui parlaient les langues étrangères à l’hébreu, à savoir des Juifs et des païens auxquels Il va donner une nouvelle identité spirituelle : l’Eglise, corps de Christ, dans lequel on ne compte plus en termes de Juifs ou Grecs, Scythes ou Barbares, circoncis ou incirconcis (Col. 3.11). Or, c’est précisément à cela que les Juifs ne voulaient pas croire. Non seulement ils étaient " ... ennemis de tous les hommes, empêchant de parler aux païens pour qu’ils soient sauvés " (1 Thess. 2.16), mais il y avait plus encore. Comme le dit C.I. Scofield dans sa Bible à référence (Page 1343) : " L’intention divine était de faire des non-Juifs une entité nouvelle : l’Eglise constituant le corps de Christ formée par le baptême du Saint-Esprit qui fait disparaître toute distinction entre Juifs et non-Juifs... ". L’idée de ne plus être qu’un avec des étrangers, c’était plus qu’ils n’en pouvaient supporter. Tout leur atavisme hébraïque se révulsait rien que d’y penser. C’était pourtant cela qu’ils devaient d’abord comprendre et ensuite admettre. Dieu va leur donner le signe le mieux à même de leur faire comprendre ce qu’ils ne pouvaient pas ou ne voulaient pas croire : Il fait miraculeusement parler les Juifs dans les langues de ces étrangers. Dieu a ainsi mis dans ces langues païennes l’adoration des Juifs.

 

L'Analogie de la Foi

 

Si, arrivée à ce point, la démonstration parait encore bibliquement maigre à certains, il suffira de lui adjoindre ce que Calvin appelait " l’analogie de la foi ", c’est-à-dire une vue d’ensemble de la Parole de Dieu. Il est dangereux de ne connaître une doctrine que par bribes, par ouï-dire ou au travers d’expériences qui prétendent s’y rapporter. J’ai plus d’une fois constaté que des textes, et mêmes des paragraphes entiers, écrits noir sur blanc depuis deux mille ans et plus, peuvent nous échapper. Une lecture simple mais attentive de la Bible fait se dérouler devant nous le film de la féroce opposition des Juifs à tout ce qui n’était pas eux-mêmes. On voit Jonas qui déteste les Ninivites au point de désobéir à Dieu. Il fuira à Tarsis plutôt que de leur apporter la parole du salut. Il contestera avec Dieu et souhaitera ouvertement la destruction de l’immense métropole assyrienne. Pour lui, l’Eternel était le Dieu d’Israël et de personne d’autre, en tout cas pas de cette nation à la langue étrangère. Il ira, dans son dépit, jusqu’à appeler la mort contre lui-même : " Si Ninive vit, que Jonas meure ! ". Il reprochera à Dieu ce qui fait sa gloire : être le Sauveur des hommes de toutes langues, tribus, peuples et nations. Cet esprit d’opposition et d’incrédulité ne fera que se renforcer au cours des siècles. Eux sont à Yahvé et Yahvé est à eux; le cercle intégriste est fermé : les autres sont des maudits. Toute tentative de fraternisation ou de tolérance envers les gens d’une autre langue, les hérissera en des haines qui atteindront des sommets effroyables. Mort aux autres langues et aux peuples qui les parlent ! Oser suggérer que des gens d’une autre langue que la leur soient bénéficiaires des bontés de Dieu, c’était risquer sa vie. Ils conduisirent le Seigneur Jésus jusqu’au sommet de la montagne pour le précipiter en bas, quand Il leur dit : " Il y avait plusieurs veuves en Israël au temps d’Elie... il ne fut envoyé vers aucune d’elles, si ce n’est vers une femme veuve à Sarepta de Sidon ". Jésus ajouta pour leur plus grande colère : " Il y avait plusieurs lépreux en Israël du temps d’Elisée... aucun d’eux ne fut guéri si ce n’est Naaman le Syrien ". C’était, à leurs yeux, plus qu’il n’en fallait pour mériter la mort.

 

Le Complexe de Supériorité

Même les Samaritains, pourtant leurs proches parents, n’échappaient pas à leur opposition raciste, à tel point qu’un jour, parce qu’ils n’avaient pas été reçus dans un de leurs villages, ses propres disciples lui ont demandé : " Seigneur, veux-tu que nous commandions que le feu descende du ciel et les consumme ? ". Jésus dut leur répondre : " Vous ne savez pas de quel esprit vous êtes animés ". L’une des pires injures que l’on pouvait faire à un Juif, c’était de le traiter de Samaritain. Quand ils avaient dit cela, ils avaient tout dit et ils crachaient par terre. Quand plus tard, ils retourneront vers ces mêmes Samaritains, ils demanderont pour eux, non plus un baptême de feu, mais le baptême de l’Esprit. Cette antipathie farouche pour les païens leur venait de loin. C’était l’accomplissement littéral de la parole prophétisée 1500 ans plus tôt : " J’exciterai votre jalousie par ce qui n’est point une nation, je provoquerai votre colère par une nation sans intelligence " (Deut. 32.21). Peuple choisi et élu, certes, ils l’étaient, mais ils en avaient perverti le sens voulu par Dieu. Toute leur histoire devait être celle d’un peuple témoin, mis à part et séparé des autres peuples. Mais cette séparation d’avec le mal, les abominations et l’idolâtrie de ces peuples, ne voulait pas dire haine, mépris, orgueil et complexes de supériorité. Ils étaient devenus plus royalistes que le roi, allant jusqu’à exclure tout ce qui n’était pas eux-mêmes et à emprisonner leur Yahvé au lieu de le révéler aux autres. Aussi, quand Dieu se révélera aux païens, la prophétie s’accomplira à la lettre et leur jalousie éclatera au grand jour. A Thessalonique, " les Juifs jaloux prirent avec eux des méchants hommes de la populace, provoquèrent des attroupements et répandirent l’agitation dans la ville " (Actes 17.5). A Antioche, " quand les Juifs virent la foule des païens qui écoutaient et recevaient la Parole de Dieu, ils furent remplis de jalousie et s’opposèrent à ce que disait Paul en l’insultant et en l’injuriant " (Actes 13.45). Quand ils entendirent Paul et Barnabas dire : " Je t’ai établi pour être la lumière des nations et porter le salut jusqu’aux extrémités de la terre ", ils provoquèrent une persécution contre Paul et Barnabas et les chassèrent de leur ville (Actes 13.50).

 

Sur les Marches de la Forteresse

 

Les choses repartent de plus belle à Jérusalem où Paul est revenu. Quel récit que celui d’Actes 22 ! Paul, prisonnier, debout sur les marches de la forteresse fait signe de la main et demande la parole. Il parle en hébreu et un grand silence se fait. Tous retiennent leur respiration pour mieux entendre. Paul raconte sa rencontre avec le Christ sur le chemin de Damas. Ils sont suspendus à ses lèvres et personne ne l’interrompt. Sans sourciller ils l’écoutent parler de son passé, de ses titres, de ses activités, de son zèle pour la cause juive. Ils leur parle de l’apparition de Jésus et ils ne bronchent pas. Il leur parle du baptême et ils ne bronchent toujours pas. Mais au moment précis où il commence sa phrase : " Le Seigneur m’a dit, je t’enverrai au loin vers les nations... ", la phrase reste suspendue. Ils l’écoutèrent jusqu’à cette parole : les nations. Ils poussèrent des cris, jetèrent leurs vêtements et lancèrent de la poussière en l’air en disant : " Ote de la terre un pareil homme. Il n’est pas digne de vivre ". Qu’est-ce qui les a fait exploser ? L’idée que Dieu serait aussi le Dieu de tout homme de toute langue. Il devient facile de comprendre pourquoi le parler en langues est le signe de cette grande vérité et que pour " ce peuple ", c’était le moyen d’accès à cette vérité. C’est cette incrédulité qui les poussera à se lier par serment et à jurer contre eux-mêmes qu’ils ne prendraient plus aucune nourriture, tant qu’ils n’auraient pas tué l’apôtre des nations, celui qui, plus que tous, oeuvrait à faire connaître l'Evangile aux langues étrangères à la sienne.(Actes 23.12). Jonas a fait pareil. Il a boudé le Seigneur et s’est assis à l’orient de la ville, s’attendant à ce qu’elle soit détruite. Et là, sous son ricin, il s’est lamenté parce que le châtiment tardait à venir, tout occupé qu’il était de ses affreuses espérances, souhaitant la mort d’un peuple que Dieu voulait sauver.

 

Même les Apôtres

 

Jonas, qui fait le reproche à Dieu d’épargner Ninive, est en quelque sorte, le père spirituel des apôtres incrédules qui firent des reproches à Pierre parce qu’il avait annoncé l’Evangile aux païens (Actes 11.1-3). Stupéfiant ! Spirituellement parlant ils étaient durs d’oreille et Pierre l’était aussi. Bien qu’il eût vécu cet événement extraordinaire de la Pentecôte et qu’il eût parlé en langues ce jour-là, pour aller vers les gens d’autres langues, ce à quoi il rechignait, il dut avoir la vision de la nappe pleine d’animaux qu’il estimait impurs. Trois fois, le Seigneur dut lui redire : " Ce que Dieu a déclaré pur, ne le regarde pas comme souillé ! " avant qu’il ne se décide à aller et à reconnaître que " Dieu ne fait pas de favoritisme mais qu’en toute nation, celui qui le craint et pratique la justice lui est agréable " (Actes 10.9-16, 34-35). Ce n’est d’ailleurs qu’après cela qu’il prononcera le fameux mot " quiconque ", au sein d’une phrase-clé d’un des tous grands moments de l’histoire : " Tous les prophètes rendent de lui le témoignage que quiconque croit en lui, reçoit par son nom le pardon des péchés " (Actes 10.43). Ce mot quiconque permet de parler d’un aspect très important de Jean 3.16. Ce verset que des millions de chrétiens connaissent par cœur contient une vérité doctrinale qui échappe à beaucoup. Jésus a dit à Nicodème : Car Dieu a tant aimé... Qui ? LE MONDE. Jamais un Juif n’aurait dit cela : ni Jonas, ni Pierre, ni les autres. Ils auraient tous dit : Car Dieu a tant aimé ISRAEL ! Déjà si tôt dans l’Evangile, le Seigneur annonce l’étendue de son amour et de son salut : le monde entier composé de nations, de peuples, de tribus et de langues. Sur la Croix, le motif de sa condamnation était écrit en trois langues : en latin, la langue judiciaire; en grec, la langue commerciale, en hébreu, la langue religieuse. A leur insu, les auteurs de cet écriteau proclamaient le côté universel de l’Evangile. Ce panneau portait en embryon le grand commandement qui allait retentir quelques jours plus tard : " Allez, faites des disciples de toutes les nations... ". Mais cette vérité qui leur était entrée dans une oreille, était immédiatement ressortie par l’autre.

 

L'Enseignement des Epîtres

 

Voyons maintenant l’enseignement des épîtres. Quand Jean écrivit sa première, il inséra cette phrase qui va si naturellement de soi qu’elle en apparaît superflue : " ... il est mort non pour nos péchés seulement mais pour ceux du monde entier " (1 Jn 2.2). Bien sûr ! Mais cela n’était pas aussi évident pour les Juifs. Jean, apôtre de la circoncision, c’est-à-dire des Juifs, exerçait son apostolat en priorité parmi eux. Il devait sans cesse leur rappeler que le pardon de Dieu, acquis par la mort de Christ sur la croix, n’était pas pour eux seuls mais pour tous les gens de toutes les langues dans le monde entier. J