L'Esprit-Saint ou Dieu en nous...

L'Esprit de Dieu, c'est un personnage bien mystérieux et insaisissable. Il est pourtant une réalité vivante et chaleureuse. L'écouter et lui parler, c'est se laisser pénétrer par sa présence vitale.

Qui es-tu, Esprit de Dieu ?

Question première, mais si ardue... . Pour nous, frappés de myopie spirituelle, tu resteras toujours une présence mystérieuse et indéfinissable.

Est-ce un hasard si tu es comparé au vent, qui souffle où il veut, que l'on perçoit mais dont on ignore l'origine et la destination (Jean 3.8) ? La même image est utilisée pour décrire ton action lors de la Pentecôte : " Tout à coup, il vint du ciel un bruit comme celui d'un vent impétueux, et il remplit toute la maison où ils étaient assis " (Actes 2:2).

Oui, tu es puissant comme la tempête. Il t'arrive de survenir à l'image d'une bourrasque, abattant ce qui se dresse devant le Seigneur. Tu es alors un agent purificateur. Mais, à d'autres moments, tu nous rafraîchis comme une brise légère et tu fertilises la plante céleste. En douceur ou avec violence, tu chasses les nuages de notre vie, tu dégages notre ciel. Tu gonfles d'espérance les voiles de notre esquif.

Redoutable et mystérieux, tu l'es aussi comme la flamme. Ne soyons pas étonnés de lire, dans la suite du récit de la Pentecôte : " Des langues, semblables à des langues de feu, leur apparurent, séparées les unes des autres, et se posèrent sur chacun d'eux. Et ils furent tous remplis du Saint-Esprit " (Actes 2:3,4). Nous découvrons alors en toi, non plus seulement un agent qui consume le mal, mais une présence qui nous éclaire et nous réchauffe. Nous ne saurions nous passer de ton illumination. Elle est aussi nécessaire à notre entendement que la clarté du soleil à nos yeux. (La formule est de Saint Augustin).

Ta présence est bienfaisante, comme celle de l'eau. Le jour le plus solennel de la fête des Tentes, Jésus s'est écrié dans le temple de Jérusalem : " Si quelqu'un a soif, qu'il vienne à moi, et que boive celui qui croit en moi. " Comme l'a dit l'Ecriture : " De son sein couleront des fleuves d'eau vive " (Jean 7:37,37, traduction oecuménique). Et l'Evangile précise tout de suite après que le Seigneur parlait de l'Esprit-Saint. Faut-il rappeler ici que l'eau purifie, rafraîchit et fertilise, communiquant la vie autour d'elle ? Les trois symboles (air, feu, eau) se complètent admirablement. Ils évoquent une réalité mouvante, fluide, insaisissable, mais absolument nécessaire à la vie.

En somme, le Saint-Esprit vient d'ailleurs. Il est d'origine céleste. Ce n'est pas une puissance d'ici-bas. Il se présente comme un don du Père. C'est pourquoi, s'il est dépeint sous les traits de l'air, de l'eau et du feu, il n'est jamais comparé à la terre (le quatrième élément chez les Anciens). Il apparaît précisément comme "l'autre" de la terre. Il vient pour la transformer, comme un souffle qui l'anime, un feu qui l'éclaire et la réchauffe, des ondées qui la fécondent... .

Présence du tout-autre.

Ces images nous ont sensibilisés tant soit peu à la nature et au rôle du Saint-Esprit. Avant de nous interroger plus avant sur son identité, tentons de préciser ce qui s'est produit au moment où il est intervenu à la Pentecôte. Les hommes qui l'ont reçu se sont mis à parler en d'autres langues et ont été compris de tous les étrangers. Les barrières linguistiques ont disparu. Une vérité importante se dégage de ce récit : là où Dieu agit par son Esprit-Saint, la communication renaît, quand bien même on ne parlerait pas le même langage !

A la tour de Babel, Dieu n'a pas seulement confondu les langues, comme on le pense généralement, mais aussi et surtout les pensées des hommes, leurs desseins, autrement dit leur conception du monde et de la vie. Ils voulaient cimenter leur union, et Dieu a renversé leurs plans : il les a désunis et dispersés. Là où règne le péché, l'unité est un leurre. Telle est la leçon de Babel.

A la Pentecôte, le Seigneur nous a offert le ciment véritable. " La multitude de ceux qui avaient cru n'était qu'un coeur et qu'une âme " (Actes 4:32). L'opposition est frappante : d'un côté, la confusion, la diversité des langues et la dispersion; de l'autre, l'effusion de la puissance promise, la compréhension et le regroupement dans le sein de l'Eglise. La mésentente à Babel; l'unité à Jérusalem.

La conclusion est claire. Quand l'Esprit se manifeste, il pousse les hommes à se sentir solidaires, à vivre enfin, non plus pour eux-mêmes, mais pour les autres. Faut-il nous étonner si le "fruit de l'Esprit" (Galates 5:22,23) comprend l'amour, la paix, la bonté, la bienveillance et la fidélité " autant de facettes qui montrent bien le caractère social de la vie nouvelle en Jésus-Christ" ? Nous avons généralement une vision trop individualiste. Il est vrai que l'Esprit-Saint nous pousse à la repentance, qu'il travaille nos coeurs et nous invite à la conversion, mais le résultat de son action, c'est de nous donner au Seigneur et à nos frères, en vue de vivre avec... .
Il veut nous mettre au service de notre prochain après nous avoir aidés à saisir la main du Père.

Ce "programme" nous attire, parce que nous y retrouvons le sens profond de notre vie. Notre coeur le pressent : vivre pour soi, c'est périr ! Dès lors, une question se pose : comment nous ouvrir à l'influence du Saint-Esprit ?

Comment nous ouvrir ?

Il convient de préciser ce point, sinon nous laisserions le champ libre à tous les esprits en quête d'exaltation, de frénésie collective et de "ravissement"... . Et ils sont légions !

Le Seigneur nous a parlé, et continue de s'adresser à nous par sa Parole. Aurait-il veillé à la formation du recueil sacré tout en se préparant à l'abolir par l'avènement de son Esprit ? C'est impossible ! S'il a envoyé l'Esprit-Saint, par lequel il avait dispensé la parole écrite, c'est au contraire pour la confirmer et achever son oeuvre.

Comme l'a fait remarquer un chrétien du 19 ème siècle, Guers, il y a ici un double piège à éviter. La première erreur consisterait à ne vouloir que l'illumination intérieure et à laisser de côté l'Ecriture sainte. Cela reviendrait à prendre l'Ouvrier (le Saint-Esprit) sans son instrument !
Celui qui tombe dans ce travers rejette une vérité biblique dès qu'elle ne s'accorde plus avec ce qu'il sent. Cette attitude laisse la porte ouverte à toutes les fantaisies personnelles. Elle fait des ravages parmi les hommes au tempérament mystique. La seconde erreur, ce serait de prendre l'Instrument sans l'Ouvrier. On verse alors dans l'intransigeance de ceux qui ont de l'Ecriture une connaissance livresque, purement intellectuelle. On devient absolu et toujours plus cassant. Dans les deux cas, c'est à nouveau la tour de Babel : on a voulu construire un édifice dont le sommet touche au ciel, mais selon des plans tout humains !

L'apôtre Pierre est formel : " Nous sommes témoins de ces choses, de même que le Saint-Esprit, que Dieu a donné à ceux qui lui obéissent " (Actes 5:32). Rien ne nous dispensera d'une lecture attentive de la Bible, d'une écoute sincère de la voix de Dieu. L'Esprit n'est accordé qu'à ceux qui obéissent à l'Eternel, révélé dans l'Ecriture.

En réalité, si nous sommes disposés à le laisser parler, c'est le signe qu'il a déjà travaillé en nous. Il ne reste alors qu'une seule faveur à demander au Père : qu'il prenne entièrement possession de nous, qu'il détruise en nous tous les nids de résistance à sa volonté.

Certains hommes sont remplis de sa puissance "goutte à goutte", d'autres le sont comme par une pluie torrentielle. La chose importante, c'est que le vase déborde et répande sans cesse autour de lui son précieux contenu, sans se vider lui-même, comme la cruche d'huile de la veuve au temps du prophète Elie (voir 1 Rois 17:8-16).

Le fruit de l'action divine.

Loin de représenter un idéal inaccessible, cet état de "plénitude" caractérise la vie du chrétien dans ce qu'elle a de plus quotidien. Jésus-Christ était rempli du Saint-Esprit, et il était saint dans toute sa conduite. Cela signifie avant tout qu'il était intègre et parfait Dans son humanité. Nous l'avons déjà relevé : l'Esprit ne cherche pas à nous "ravir" dans la sphère du divin, comme on aurait tendance à le penser dans certains milieux exaltés, mais tout simplement à nous rendre plus humains, c'est-à-dire qu'il adouci notre mauvaise humeur et nous aide à avoir plus de compassion pour les autres.

A Babel, l'homme a perdu son caractère parce qu'il s'est voulu dieu. La Pentecôte lui offre une occasion de se retrouver lui-même, de se situer correctement vis-à-vis de son Créateur : comme un fils !

Il doit pour cela réapprendre le langage oublié, le langage de l'Amour. S'il renoue le dialogue avec le prochain, s'il découvre en lui un frère, s'il distingue en lui la présence de Dieu et s'il persiste, à cause de cette présence, à croire en l'autre envers et contre tout, alors il montrera que l'Esprit du Seigneur l'a pénétré.

Récemment, j'ai reçu d'Amérique une lettre d'une personne qui me parlait en ces termes de l'action du Saint-Esprit : " Si nous sommes les disciples du Christ, nous avons droit à tous les pouvoirs. Dieu n'a pas changé; ses promesses sont toujours à notre disposition : nous pouvons guérir, marcher sur les eaux, multiplier les pains, ressusciter les morts. Tous les miracles du Christ sont à notre disposition, si nous avons la foi."

Que faut-il en penser ? Sans nier le fait que le Saint-Esprit peut encore de nos jours opérer des prodiges, il sera toujours prudent de ne pas trop insister sur les dons miraculeux. La manifestation la plus claire de l'Esprit se voit dans la vie d'un homme, dans la transformation de sa personne. C'est là le fruit qu'il porte en profondeur.
Devant un "guérisseur" ou un soi-disant prophète, je dois tout d'abord me demander s'il est vraiment inspiré de Dieu, car il y a de nombreuses contrefaçons des dons spirituels. En revanche, si je sens un courant d'amour, de joie et de paix se dégager de la vie de quelqu'un, s'il s'agit d'un homme transformé intérieurement, je serai porté à reconnaître l'action de l'Esprit sans aucun doute possible.

La conversion, c'est-à-dire le changement d'un être dans ce qu'il avait de négatif vers une nouvelle vie, vers un épanouissement, restera toujours et par excellence le miracle de Dieu par le Saint-Esprit. C'est là le sceau de son oeuvre.

Qui es-tu, Esprit de Dieu ?

Nous n'avons toujours pas répondu à notre question initiale... .
Elle nous réserve une découverte saisissante. Mais il nous faut avancer prudemment.

L'apôtre Paul affirme : " L'Esprit sonde tout, même les profondeurs de Dieu. Lequel des hommes, en effet, connaît les choses de l'homme, si ce n'est l'esprit de l'homme qui est en lui ? De même, personne ne connaît les choses de Dieu, si ce n'est l'Esprit de Dieu " (1 Corinthiens 2:10,11).

Nous en tirons une conclusion : toi, l'Esprit divin, tu nous rends Dieu présent dans toute sa personne. Tu te situes à l'intérieur, et non pas à l'extérieur de la Divinité.

" Dieu n'envoie pas sur la terre un être détaché de lui-même; il ne donne pas quelque chose à l'homme, il se donne lui-même, avec tout son grand coeur de Père, dans son Fils. Et ensuite le Père et le Fils se donnent eux-mêmes tout entiers à l'homme dans l'Esprit " (Th. Preiss).
Dieu veut se communiquer à sa créature. Cependant, à cause de la différence infinie qui les sépare, il doit se présenter à elle sous une forme adéquate, sinon l'homme se méprendrait sur sa nature et son caractère. Dans la personne de son Fils, il nous apparaît comme le Dieu-Amour, qui va jusqu'à donner sa vie pour nous sauver. Dans la personne du Saint-Esprit, il veut nous rendre sensibles à sa présence immédiate et permanente, il veut "habiter en nous" (Romains 8:9-11).

" Le Saint-Esprit est la présence de Dieu avec nous, joint à notre esprit. Sans lui, Dieu est loin, le Christ est dans le passé, l'Evangile une lettre morte, l'Eglise une simple organisation, l'autorité une domination, la mission une propagande, le culte une évocation, l'agir chrétien une morale d'esclaves. " (Le patriarche Ignace Hazim, à l'assemblée mondiale du Conseil Oecuménique des Eglises, à Upsal, en 1968, cité par L. Peyrot, Le Saint-Esprit et le Prochain retrouvé, Genève, Labor et Fides, 1974).

Le Saint-Esprit aurait donc une personnalité ? Nous sommes amenés à le conclure, sur la base des observations suivantes :

1. Dans l'Ecriture, il est mentionné aux côtés du Père et du Fils, qui sont des êtres et non des forces impersonnelles. Citons quelques exemples : " Allez, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit... ." " Que la grâce du Seigneur Jésus-Christ, l'amour de Dieu, et la communication du Saint-Esprit, soient avec vous tous !" (Matthieu 28:19; 2 Corinthiens 13:13).

2. Il peut être utile de savoir que les apôtres emploient des pronoms masculins en faisant allusion à l'Esprit, bien que son nom soit en grec du genre neutre. (Voir en particulier Jean 16:13 et Ephésiens 1:13,14. C'est un peu comme si, en français, nous passions abruptement de "cela" à "celui-là").

3. On ne peut mentir qu'à une personne, on ne ment pas à une chose ou à une force. Or, il est frappant de constater que ce verbe est employé, dans le cas d'Ananias (Actes 5:3), à l'égard du Saint-Esprit. Il est également possible de lui causer de la tristesse (Ephésiens 4:30). Et nous pourrions facilement allonger la liste.

Personnellement, je l'avoue, ces arguments parlent à mon intelligence, mais ils ne touchent pas mon coeur. Si je crois à la divinité et à la personnalité du Saint-Esprit, c'est pour une raison d'un tout autre ordre.
Il y a place, dans la Divinité, pour un échange incessant, pour une relation d'amour qui implique des personnes au plein sens du terme. Comme le dit sans détours Louis Evely : "En Dieu, ils avaient besoin d'être plusieurs pour être Dieu. Ils avaient besoin d'être ensemble pour être eux-mêmes. Ils avaient besoin d'être plusieurs pour être Amour. "

Dieu forme en lui-même une communauté. Il ne saurait être différent, parce que l'amour le veut. Il devient pour nous, et pour toutes ses créatures, le modèle par excellence des relations justes. Il nous exhorte à vivre dans l'unité parce qu'il est communautaire dans sa nature. Il nous appelle à lui ressembler : "... afin que tous soient un, dit Jésus, comme toi, Père, tu es en moi, et comme je suis en toi, afin qu'eux aussi soient un en nous " (Jean 17:21).

Dieu est vivant et il est amour. Voilà pourquoi " ils avaient besoin d'être ensemble pour être eux-mêmes " !

Tel est le centre du problème. Si je me suis adressé à toi dans ces lignes, Esprit-Saint, c'est parce que je rencontre en toi le Dieu de l'échange, de la communication, de la communion. Le Dieu qui réchauffe le coeur.
YB (série CONVICTION, fascicule numéro 15)

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